J'en suis à mon 4ième récit d'après marathon.
Mon premier était suite au marathon d'Ottawa, je venais de me qualifier pour Boston. À ce moment, j'étais hystérique, je n'y croyais pas. L'après marathon fut difficile, j'avais les ''blues du sportif''. Ensuite, j'ai raconté Montréal, difficile marathon dans lequel un décès ma profondément marqué. J'avais frappé le mur et souffert grandement. Je venais de réaliser que le marathon était plus puissant que l'athlète qui ne le prends pas au sérieux, retour à la case départ. Ensuite, 2 mois plus tard, je me réjouis d'une excellente prestation à Philadelphie, je viens du même coup, assurer ma qualification pour Boston 2013.
Aujourd'hui, c'est le récit de mon premier Marathon de Boston. Suite à journée très forte en émotion (le dimanche d'avant course) et conscient des nombreux avertissements émis par le BAA, commence mon lundi matin de boulot.
Mon cadran est établi à 3h45AM, ma préparation d'avant course est important et je ne veux pas me presser, mon café est essentiel et comme la cafetière est prête depuis la veille, mon premier café ne se fait pas attendre. Je le déguste en naviguant sur internet, j'ai un espoir caché que la miss météo ce soit trompé dans ses prévisions, que pendant la nuit, le temps a considérablement refroidi, mais non, l'avertissement de chaleur est encore bien présent, je dois renoncer à mon PB. Et bien j'y vais pour compléter Boston.
L'hotel accueillant plusieurs coureurs offrent le café dès les petites heures et le déjeuner est servi dès 5AM. J'y suis à 5h15AM. J'ai maintenant mangé, et mon linge de course est prêt ainsi que mes accessoires…scotch tape, vaseline, créme solaire, apport en Coca-Cola™, ainsi qu'un gel packs.
Dès 5h55AM, je quitte la chambre pour attraper le service de transport de qui nous conduira à l'Arrivée de la course. Et oui, Boston commence à la fin du parcours. La majorité des coureurs (+ de 20000) s'y rendent et quitte l'arrivée pour rejoindre le départ qui lui se retrouve à Hopkinton, vous l'aurez deviné, à + de 42km. C'est vraiment impressionnant de voir tous ces coureurs, et bien sur, tout le monde parle des avertissement du BAA et de la chaleur torride. On souhaite tous qu'aucun incident fâcheux ne survienne. Mon expérience de Montréal me rendra un gros service, je sais maintenant que je dois respecter le marathon.
Le voyage en autobus ''scolaire'' est particulièrement long. En fait, cela m'inquiète un peu, je n'aime pas réaliser l'ampleur de la distance que j'aurai à parcourir. L'arrivée aux villages des athlètes se fait bien et tout est organisé au quart de tour.
L'attente est longue, mais dans les conditions estivales, on se croit dans un camps de vacances, difficile d'imaginer qu'on s'en va courir un marathon. Comme tout le monde, je relaxe, profite des rayons déjà chauds du soleil et attends le départ de la course, c'est 2h30 d'attente. Ma routine d'avant ne sera vraiment pas respectée.
Quelques 50 minutes avant le départ, je marche les 0.7 mile qui m'y sépare. Il fait déjà très chaud, même trop chaud. Je sais que ce sera difficile comme course. Je me repose à l'ombre, chanceux d'avoir trouvé un endroit.
Finalement, je quitte l'ombre tardivement pour rejoindre mon couloir, je suis dans le 5ème, pour la première vague de départ. Il y a beaucoup de monde, ce sera difficile, mais je m'imagine à ce moment que j'aurai suffisamment d'espace pour manoeuvrer. Le départ est enfin lancé, moi et les autres marchons tranquillement, impossible de courir, finalement, on approche le départ. J'y suis, à la ligne départ, la ligne la plus difficile à franchir pour le marathon de Boston.
Dans les premiers km, impossible d'aller à son rythme, on suit le troupeau, c'est dangereux de ralentir, dépasser, se déplacer latéralement. J'évite les pieds des coureurs, je ne veux me fouler la cheville, cela rendrait le parcours plus difficile à compléter. Dès les premiers la chaleur accablante alourdi la tâche, ce sera une longue journée.
Départ--> Le fameux imprimé sur le sol, je démarre ma garmin. L'émotion est au maximum. Je savoure le moment.
1k--> Le premier k est principalement descendant, je suis le rythme établit par le groupe, impossible de faire autrement. Ca va bien, il en reste 41k
2k --> Première station d'eau, il faut se frayer un chemin, ce sera difficile, et manquer de l'eau n'est pas une option.
4k--> Une première ascension, pas si importante, surtout au 4k, mais c'est déjà difficile, longue journée en vue, la chaleur est torride
5k -->Je souffre déjà, je sais aussi que je vais trop vite pour les conditions de la journée, mais pour l'instant je commence tout juste à pouvoir imposer mon rythme
6k --> Très difficile de suivre sur ma montre, je ne veux pas m'accrocher avec un coureur, et je ne veux surtout pas manquer un point d'eau.
7k-->Une ascension, je souffre déjà, j'en suis rendu à me faire des petits objectifs de distance à franchir, ce sera une bataille mentale
8k--> Obtenir de l'eau est une bataille continuelle, j'ai tellement chaud, mes pieds sont en feu
9k-->Pour la première fois en marathon, je décide de faire pipi, je sais que je consommerai beaucoup d'eau et que ma santé est plus importante que mon temps
10k-->Je suis en mode urgence, je dois changer ma stratégie, ralentir n'est pas suffisant, je décide de marcher à chaque station d'eau, mon rythme cardiaque est très élevé
11k--> La ville de Framingham, définitivement pas un joyau de l'Amérique, mais les spectateurs sont extraordinaires
12k-->Mes ''laps'' ont ralenti, je monitor ma fréquence cardiaque, et la chaleur continue de grimper, tout comme mon rythme cardiaque
13k-->Pratiquement 5 minutes pour compléter un lap, je recherche de l'ombre, même quelques pas à l'ombre vaut tout son pesant d'or
14k --> Dans un marathon normal, le 14eme k définit le tiers de ma course, je cherche à le faire sous les 1heure, pas aujourd'hui, et savoir qu'il reste 2 tiers ne m'encourage pas.
15k-->La séquence 10k-15k offre un parcours remplit d'ascension et de descente, peu significative lorsqu'il ne fait pas chaud, celle-ci rends difficile la stabilisation du rythme cardiaque, un élément de difficulté de plus.
16k-->Une partie en ascension, 4min48, très difficile, il est près de 11h30, il fait 31C. La chaleur est extrême, je combats et ne lâche pas
17k --> Ascension encore, mon corps veut lâcher, c'est Boston, je ne lâcherai pas, je rêve à un bain froid, habituellement je pense à une récompense au niveau bouffe, pas aujourd'hui. Il fait tellement chaud
18k --> Moins d'ascension un lap en 4min48
19k --> Finalement, une descente, 4min33, ça fait du bien
20k --> Un km qui débute en ascension et qui se termine en descente, difficile pour le rc, je dois marcher pour le maintenir sous les 180.
21.1k -->Finalement, je franchis la moitié de la course, mes jambes vont bien, je suis encore fort, mais j'ai tellement chaud. Mais il en reste bien encore 21k, la zone du collège de Wellesley s'en vient, on entends les filles
22k --> Une autre pente, en temps normal, on en parle pas, mais aujourd'hui tout un défi
23k --> C'est fou la section du collège, définitivement encourageant et inspirant, il en reste tout de même encore beaucoup à franchir
24k--> Un autre k, mes dessous de bras chauffent, pas de vaseline, je tente de mettre des glaçons dans ma casquette pour essayer de me refroidir
25--> Il en reste finalement seulement que 17k, en entraînement, ce n'est pas une longue sortie, aujourd'hui, je le vois différemment, et en plus il reste la section des montées
25-30k--> Ce secteur fut très difficile, je marche quelques fois pour abaisser mon rc, je songe à arrêter, mais je ne peux pas, c'est mon premier Boston, je me réjouis, je n'ai pas de crampe ni de douleur…encore. Je me prépare au secteur des montées, je les appréhende énormément, lorsque je peux passer devant des bornes fontaines, je fais tout pour me refroidir. Il y aura ensuite 6km avec plusieurs bonnes ascension.
30k-34k --> Secteur vraiment difficile, plusieurs coureurs doivent marcher, plusieurs sont épris de douleurs musculaires, la déshydratation frappe plusieurs d'entres-nous, moi y compris.
35k--> Finalement après la montée Heartbreak Hill, je commence une belle descente, je suis sans douleur et je sais que je pourrai marcher ou même ramper pour rendre à l'arrivée, je descends rapidement et les crampes au ventre apparaissent.
36k-->Très douloureux, je peine à respirer, mais démissionné à Boston n'est pas une opiton
37k--> Un petit 5k à faire, si cous…on commence à apercevoir la ville, si près, mais en même temps si loin, la chaleur est son apogée, et la foule aussi.
38k-->Si je me souviens bien, c'est à ce kilomètre que l'on voit le fameux Fenway Park, tellement spécial pour moi, les Red-Sox jouent contre les Rays, on aperçoit les spectateurs qui regardent la course, je coure à coté du Fenway Park pendant une joute. Je savoure ce moment, malgré la douleur et la chaleur, je souris et lève le poing, je sais que j'ai travaillé tellement fort pour être là
39k--> Je commence à penser à mon temps de fin, je suis proche de la fin, et je me dit que je ferai facilement sous les 3h30. Mais les crampes me font tellement mal, marcher quelques secondes ne réduit pas la douleur, je dois marcher plus longtemps, les secondes s'écoulent, je rajoute à mon stress
40k-->Au 40k, il en reste 2, je suis dans la vile de Bsoton, j'y suis venu souvent, je m'y reconnait bien, il me semble que terminer sous les 3h30 est dans le sac. Je cherche de l'ombre, je ne bois pu, j'ai trop mal au ventre
41k-->Il y a des milliers de spectateurs, je sais que je peux marcher jusqu'à l'arrivée, je savoure le moment, je terminerai mon premier Boston, j'apprécie le moment
42k --> Le dernier virage à gauche sur la rue Boylston est indescriptible, la rue appartient au coureur, on aperçoit au loin l'Arrivée, c'est pratiquement terminé, un très difficile combat contre la distance et la chaleur. Je regarde la foule, va lentement et tente de réaliser que je ne suis pas dans un rêve.
42.2k --> I'm a Boston Marathon Finisher
Une fois que j'ai franchis la ligne d'arrivée et je me suis reposer un peu, je prends le temps de m'agenouiller et d'embrasser le sol, les spectateurs qui me regardent tous comme les volontaires croient je suis en danger, on me crient après ''are you tokay'', je lève le pouce me lève et la foule qui se met à crier, quel moment inoubliable.
Je porterai fièrement mon manteau de la 116eme édition du Marathon de Boston