Récit d'une course Marathon Miami #irunmiami

Février 2012, installé dans ma chambre d'hötel en Chine par un matin pluvieux. J'y était depuis des semaines, et la pluie aussi, depuis des semaines. Non seulement mon mandat fut difficile, l'environnement ne collaborait pas, j'étais en manque de soleil. Pendant ce temps au Québec, il faisait doux et beau. Au Canada, nous avons des hivers rigoureux, mais ensoleillé. 

Alors, je regarde mes courriels, et je vois l'invitation du marathon de Miami. Il ne m'en a pas fallu plus, je me suis dit, je vais aller en Floride profiter d'un peu de soleil, et joindre l'utile à l'agréable en complétant le marathon en Janvier 2013, un plus tard. 

Facile d'oublier qu'un marathon en Janvier n'est pas si évident et demande une préparation dans les mois de Décembre, et Janvier, incluant la période des Fêtes. J'ai bien fait mes devoirs et me suis préparé du mieux que je le pouvais.

Il est facile de croire que parce que l'on a couru plusieurs marathons que nous pouvons facilement en faire un. Mais c'est faux, il faut se prépare pour chacun de ces marathons. Et, moi, j'ai une devise de toujours respecter le marathon. Un manque de respect te rattrape facilement et la distance peut te paraître extrêmement longue.

Toujours est-il que je me retrouve, ici à Miami, dans le cadre du Marathon.

La course débute à 6h15AM, tôt, très tôt. Il faut se lever à 3AM pour se préparer. Pas facile, mais disons qu'un mercure qui avoisine les 20C rends la situation un peu plus facile. 

Mon équipement de course est prêt la veille.

Un déjeuner rapide, du yogourt, une banane, un bagel. Et du café, je l'ai écrit souvent, mais, un matin de course me donne droit à aucune limite de café. 

Pour Miami, je n'avais pas d'objectif de temps. J'avais donc beaucoup moins de pression. J'ai apprécié le moment. La ville de Miami est superbe le soir, et encore le matin, puisque le soleil se lève vers 7h30AM.

Nous sommes plusieurs coureurs à nous rendre à la ligne de départ. Situé au coté du American Airlines Arena. L'environnement clément est beaucoup plus agréable que lors des courses d'automne.

Je suis prêt, et j'y vais même avec mes souliers neufs (décision prise à 4AM). J'aime les ASICS Nimbus. Cette fois-ci avec le modèle #14. Très coloré, il s'agence parfaitement bien dans le décor de Miami.

Un peu de congestion pour se rendre au stationnement, quelques délais, et voilà le temps qui file rapidement, nous voilà qui couront pour se rendre au dépôt de vêtement. Heureusement, rien de dramatique et je suis dans le Coral C à temps. Nous sommes cordés comme des sardines, lorsque nous devons prêter attention à l'hymne National. J'ai couru à plusieurs reprises dans différentes villes américaines. Mais, ici à Miami, il y a beaucoup moins de passion pour l'hymne National. Pas que les gens de la Floride ne sont pas patriotiques, c'est qu'il y a tellement de gens de différents pays. 

Le départ sera bientôt lancé, je vérifie mon rythme cardiaque d'avant course. Je me maintien dans les 90. Les 4-5 minutes qui nous séparent du départ sont des moments extraordinaires. Il y a un important flow d'adrénaline et nous sommes (25000+) tous motivé par une course. À Miami, contrairement à mes dernières courses de Philadelphie, Chicago et Montréal, je n'ai pas froid au départ. Je ne suis pas inquiet du tout. Mon objectif pour ce marathon n'est pas de battre mon record personnel. 

Je me prépare pour le Marathon de Boston en Avril. J'y compte bien me reprendre, l'an dernier fut difficile et j'ai fait parti de du groupe mémorable de coureurs qui ont du braver les très difficiles conditions de 31C.

Alors, c'est dans cette quiétude que je m'élance au son du crie de départ. Et comme tout les marathons, le sprint commence, difficile de comprendre que certains décident de courir à leur plus vite dès le départ de la course.

Au départ nous embarquons rapidement sur le pont qui nous amènera à South Beach. Nous sommes sur le MacArthur Causeway. La pleine lune éclaircit le parcours, et il est très difficile de lire les informations de course sur les montres. Nous sommes toujours dans la noirceur. Les 5km premiers km sont sur ce pont, nous cotoyons 4 immenses bateaux de croisière. Ces mêmes bateaux quitteront le port pour transporter de nombreux tourirstes un peu plus tard. 

Mon plan de match me dictait de courir lentement les 5 premiers km. J'ai bien respecté le plan, mais déjà, il faisait chaud et humide. Un souvenir du Marathon de Montréal 2011 me vient en tête. Je me méfie alors, je sais que dans quelques minutes, le soleil se lèvera et la température grimpera encore plus. 

1k - 5min04s - 149 bpm

2k - 4min40s - 158 bpm

3k - 4min52s - 155 bpm

4k - 4min56s - 152 bpm

5k - 4min50s - 155 bpm

1-5k 24min22s

Les kilomètres 5 à 10 seront courus dans les rues de South beach - Miami Beach. Ocean Drive, Washington Avenue, les rues célèbres. Nous passons devant Joe Stone's Crab au km 6.80km, nous y retournerons plus tard dans l'après-midi afin de nous régaler d'un excellent Lobster roll.

Sur Washington Avenue, les boîtes de nuits viennent de finir la soirée, et les employés sont affairés au nettoyage. Plusieurs fêtards viennent de terminer leur soirée, et nous, nous sommes en train de courir...J'ai accéléré le tempo dans la 2eme série de 5km. Je vais relativement bien, mais la chaleur commence à faire son oeuvre. Je prends du Gatorade (je n'étais pas supposé), et je m'hydrate à chaque point d'eau. Il y en a beaucoup de point d'eau dans ce marathon. Je franchirai le 10km en 48m06s. J'avais franchit ce même 10km au marathon de Chicago sous les 40 minutes. Conditions très différentes.

6k - 4min44s - 156 bpm

7k - 4min47s - 159 bpm

8k - 4min42s - 158 bpm

9k - 4min37s - 160 bpm

10k - 4min36s - 158 bpm

5-10k 23m26s

Le troisième set de 5km me permettra de franchir la distance de 14km. J'aime diviser mon marathon en 3. À coup de 14km. Psychologiquement, courir 14km n'est pas une distance difficile, alors je me concentre sur les segments de 14km. Rendu à 14km, mon temps de course estimé est donc aux alentours de 3h20m.

11k -4min37s  -160 bpm

12k - 4min31s  - 160 bpm

13k - 4min30s - 159 bpm

14k - 4min29s - 162 bpm

15k - 4min28s - 164 bpm

10-15k 22m35s 

Nous sommes sur le chemin de retour vers Miami, nous venons de passer près du terrain de golf de Miami Beach, je ne savais pas qu'il y avait un terrain de golf à Miami Beach. Un très beau quartier domicilaire. Je ne crois pas que les citoyens de ce quartier aient de la difficulté à joindre les 2 bouts. Fait à noter, très peu de spectateurs et d'ambiance dans ce marathon. Moi j'aime bien lorsqu'il y a de l'ambiance et des spectateurs, cela donne un boost souvent nécessaire. Le décor par contre est à couper le souffle.

16k 4min34s -163 bpm

17k 4min35s  - 165 bpm

18k 4min38s - 165 bpm

19k 4min34s- 166 bpm

20k 4min36s - 165 bpm

15-20k 22m57s

À l'approche du 21km, nous sommes dans un quartier très ordinaire de Miami, on aperçoit le American Airlines Arena. Je sais que la moitié de la course arrive, et comme le soleil est maintenant levé, je commence à souffrir un peu, je ne m'étais pas encore aspergé d'eau, question d'éviter de mouiller mes vêtements et mes souliers, rapidement, le surplus de poids que l'on doit porter est non-négligeable, sans compter le désagrément d'avoir les souliers trempés et ainsi augmenter le risque d'ampoule et d'inconforts. Je résisterai jusqu'au 22km et je n'aurai pas le choix. Avant d'arriver au 21km, l'idée me traverse l'esprit de céder à la tentation de ne faire que le 21km et non le 42km. Vers 700-800m de l'arrivée, les coureurs empruntent 2 corridors un vers la ligne d'arrivée, et l'autre vers...un autre 21km. Je maintien une cadence confortable de 4min35-4min36, une vitesse à laquelle je suis bien à l'aise.

Je surveille tout de même mon rythme cardiaque, le marathon se joue du 30eme km au 42km, c'est là que l'on paye pour les erreurs du début. Je franchit le 21km en 1h38m40s, mon temps estimé devient donc 3h17m. J'ai pris de la vitesse. Nous sommes beaucoup moins de coureurs et le peu de spectateurs rends la course un peu moins intéressantes, d'autant plus que le paysage au km 22-23 ne sont pas génial. 

D'ailleurs, une importante abrupte montée arrive au 22km, je surveille étroitement mon rythme cardiaque, je dépasse 3 coureurs qui eux souffrent déjà. Leur route de retour sera sans doute difficle. J'atteint un seuil critique de rythme élevé et la situation m'inquiète un peu. J'apréhende le mur un peu plus tard. Il est difficile de maintenir du 170+ pendant 21km. 

21k 4min37s - 167 bpm 

22k 4min23s - 167 bpm

23k 4min39s - 168 bpm

24k 4min37s -169 bpm

25k 4min32s -171bpm

20-25k 22m48s

Ayant parcouru 5km avec un vent de dos, on arrive dans le quartier de Coconut Grove. Je sais que ce sera éventuellement le point de retour. Nous parcourons des beaux secteurs de Miami et quelques résidents nous regardent courir. On peut voir une vie tranquille et paisible d'un quartier remplit de belles maisons. Nous sommes bien loin du -25C. Parlant de chaleur, à chaque point d'eau je m'asperge, je dois refroidir mon corps. Rendu ici, je vais bientôt franchir le deuxième tier de la course. Mais celui-ci fut plus difficile. Et je tente de me convaincre qu'il ne reste que 14km. 

De plus, rendu là dans la course, je songe maintenant à rentrer sous les 3h15m. Cela me permettrait une qualification pour Boston 2014, quoique déjà qualifié pour 2014, le désir de me re-qualifier est là. 

Je joue tout de même de prudence, je dois terminer sous une moyenne de 4min37s du km. Mais je ne dois pas abaisser ma moyenne trop rapidement. Cela serait couteux et je risquerais de ne pas terminer la course...en courant. 

J'ai à l'oeuil mon rythme cardiaque qui continue de grimper, ainsi que le mercure dans le thermomètre. Au 30km, j'aperçois le ''bunny'' de 3h15m. Il est au loin, et j'en fais ma cible. Bien sur, je prends mon temps et maintien mon plan de course. 

Je passe plusieurs coureurs qui se sont fait remettre à leur place par le marathon. Il faut toujours le respecter ce marathon.

26k 4min33 - 171 bpm

27k 4min39s - 169 bpm

28k 4min31s - 170 bpm

29k 4min30s - 172 bpm

30k 4min32s - 172 bpm

26-30k 22min45s

Un hic, c'est qu'au 30eme km, sur le chemin du retour, en direction Nord...on y affronte un vent de face. Ce n'étais pas prévu. Cela ajoute au niveau de difficulté et augmente une fois de plus le rythme cardiaque. Je suis dans la zone rouge...le fameux mur se cachant dans ce secteur du 30eme au 42eme. 

je redouble de prudence, mais je veux tout de même terminer chaque km sous les 4min37s. Je suis environ à 4min38s de moyenne.

Je fais plusieurs calculs, j'ai le temps, et me rapelle que je dois terminer. Mon corps commence à souffrir. Je suis en zone élevé de rythme cardiaque ce qui impacte mon pas de course. Le vent de face me dérange, ma cible se rapproche lentement mais surment. Je ne fais pas d'erreur de le rattraper trop vite. Je veux me garder de la marge pour le sprint final. 

Pour le 34eme km, on fais une boucle sur le Pont Rickenbacker Causeway, encore plus de vent. Je m'accroche et fonce, encore une fois, le parcours ralentit plusieurs coureurs. Je me motive en les dépassants. Je sais que le retour de cette boucle de 3km sera avec un vent de dos. Je limite les dommage en frais de temps. Mais le rythme cardiaque augmente...encore

31k 4min21s - 174 bpm

32k 4min35s - 173 bpm

33k 4min33s - 176 bpm

34k 4min38s - 175 bpm

35k 4min33s - 177 bpm

31-35k 22min40s

Il ne reste maintenant que 7km, la température doit avoisiner 25-26C, je ne sais trop, mais il fait chaud. Mon moteur sur-révolutionne et j'ai peur de casser. Pour maintenir une vitesse de croisière, je dois forcer encore plus, et j'ai de plus en plus peur de me rendre à 180+. 180+ est mon rythme cardiaque de sprint. Et avec 7km à faire, beaucoup trop long pour être en mode sprint. Vers le 39eme km, le bunny est vraiment rendu proche. Les nombreux coureurs qui l'accompagnaient au début ont tous céder, sauf 1. Le groupe de 3h15m est rendu à 2. Et je vois bien que ma vitesse est supérieur à la leur.

Mais, je sais aussi que je souffre et je ne veux pas comettre d'erreur. Je n'ai aucune marge de manoeuvre et je suis encore en 'pace' de finir au dessus de 3h15m. Je dois absolument faire des km sous les 4min36. Mission accomplis.

36k 4min31s - 179 bpm

37k 4min34s - 179 bpm

38k 4min35s - 179 bpm

39k 4min30s - 182 bpm

40k 4min31s - 183 bpm

Me voilà rendu au 40eme km, je viens de rattraper le bunny et le coureur qui le suit. Nous sommes les 3 cotes à cotes. J'entends à ce moment le bunny déclarait forfait. Il ne terminera pas sous les 3h15m. L'autre coureur non-plus. Je suis dans la zone très rouge de rythme cardiaque. Et voilà que l'on doit encore frnchir la montée de la Miami River. Ce sera très taxant pour le rythme. Juste avant cette montée, je suis incertain de ma stratégie, j'attaque ou je me provisionne. Les secondes s'écoulent et je me convains de pousser. La douleur est vraiment intense. Il serait tellement facile d'abandonner.

Je survis à la montée et est en anaérobie pour le sprint. Je me dois de pousser. Je suis rendu au Centre-Ville et finalement des spectateurs, je m'engorge de leur énergie et donne le tout pour le tout. Je suis en mode désespoir. après avoir franchit le 25eme Miles. Je donne le tout pour le tout. Arrivant dans le dernier virage, j'aperçois l'arche d'arrivée.

 

Je viens tout juste de doubler un coureur qui sprint lui aussi, je suis fort dans les sprints et je résiste très bien à cette douleur. Mais crime que ce 2-300 mètres est long. Je vois le chrono officiel de la course à 3h15m... ai-je manqué l'objectif?

Mon chrono est différent de celui de la course, le coral C ayant parti quelques minutes après. Je ne peux regader ma montre, je ne vois rien, ma vision est très limité. Je souffre énormément. Tout mes signals d'alarmes sont allumés et mon corps me supplie d'arrêter. Je suis résilient et je pousse.

Je franchit le fil d'arrivée, exténué, je m'accote sur une clôture et reprends mon souffle, ma première bouteile d'eau servira à me refroidir.

41k 4min24s- 184 bpm

42k 4min21s- 185bpm 

43k 3min51s - 189 bpm

Mission accomplit. Ma fin de course fut très rapide. J'ai terminé en 3h14m41s. Qualification pour Boston. C'est ma quatrième, mais celle-ci par la peau des dents.

Après avoir franchit le fil, on reçoit la médaille, les bouteilles d'eau et nous sommes devant un une série de table qui offre des breuvages, nourritures (banane, bagels, biscuits, barres tendres, yogourt) 

Je n'ai pas faim, mon corps est encore en sur-révolution. Mais je sais que dans 15-20 minutes j'aurai faim, très faim, je fais donc le plein de ces ''goodies''

Une fois reposé et surtout une fois que les souliers sont enlevés et les bas, on savoure le moment. On se repose et nous avons tous le sentiment du devoir accomplit.

La température chaude de Miami ne favorisait pas les records de course. Mais pour l'après c'est génial.

La tente Michelob offrait des bières pour les coureurs. Drôlement méritée fut celle-ci

Finalement, étant à Miami, quoi de mieux que la plage pour célébrer la victoire d'une course. Ce fut une première que j'ai bien adoré.